LA PERTINENCE LINGUISTIQUE DU RAPPORT DE LA COMMISSION GENERALE DE TERMINOLOGIE SUR LA FEMINISATION


 


Le "Rapport sur la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre", accessible sous son titre sur Internet, a été publié en Octobre 1998 par la "Commission Générale de Terminologie et de Néologie rattachée au Premier Ministre" et régit actuellement la rédaction des textes institutionnels français. L'analyse de ce texte de 54 pages, assez généralement ignoré, a été entreprise dans le cadre du 4e Congrès de Recherches Féministes dans la Francophonie Plurielle" à l'Université d'Ottawa en juillet 2005 sous le titre suivant : "Le non-genre académique : théorisation de la domination masculine dans la doctrine langagière institutionnelle en France". Visant un public de non-spécialistes, cette analyse doit être publiée sous ce titre en automne 2007 à l'Université de Lausanne dans "Nouvelles Questions Féministes".


Ici l'argumentation pour l'emploi du féminin, largement reçue en particulier au Québec, n'est pas reprise. Ce qui est étudié principalement, c'est l'argumentation linguistique du "Rapport" pour justifier le masculin seul. L'analyse de discours se présente comme difficile car il s'agit d'un "Rapport", rapport de voix différentes, discours au moins partiellement unifié cependant dans la mesure où la rédactrice, dite "Rapporteur Général", dite aussi "Auditeur au Conseil d'Etat", mais "Agrégée de l'Université" (p.54), a pour le moins supervisé la rédaction définitive. Sans doute en cherchant à concilier lesdites voix différentes, mais en suivant en même temps la ligne directrice des voix dominantes de la Commission.


L'étude de ce texte est intéressante parce que, pour la dénomination humaine, sans doute le masculin dit "générique" sans formulation du féminin est-il l'usage, mais ici pour la première fois nous avons un essai de justification du caractère normatif de cet usage afin de l'imposer législativement. Législativement : dans le cadre des lois de la République. En effet le début du rapport tend à légitimer la validité juridique de ses conclusions en opposition avec les propositions du chef du gouvernement Lionel Jospin. 


La combinaison de l'aspect en même temps juridique, linguistique ou se présentant comme tel, et polémique, de ce texte demande des éclaircissements sur le cadre politique et le domaine linguistique exactement concerné. Nous examinerons d'abord la légitimité et la composition de la "Commission" ainsi que le plan de son "Rapport", et nous rappellerons rapidement le fonctionnement en langue du lexique qu'elle traite. Puis nous développerons la manière dont sont utilisés dans ce "Rapport" les concepts de "féminisation", "neutre", "générique", "fonction" et leurs corollaires afin de justifier l'emploi du seul masculin. Enfin nous terminerons sur l'inscription des théorisations avancées par la "Commission" dans les catégorisations mentales et sociales correspondantes étudiées en anthropologie, ethnologie, sociologie, pour résumer en conclusion l'infléchissement polémique marqué du "Rapport".


1- Le cadre.


1.1 - Rappel historique de la question de la "féminisation".[1]


On se souvient que :


- dès avant 1990 le Québec introduit une campagne de "féminisation" du langage officiel, suivi par la Suisse et la Belgique ;


- en 1984-1986  la Commission de Terminologie du ministère Roudy travaille sur le problème. Elle soulève l'opposition immédiate de l'Académie française. Ses travaux sont conclus par la "Circulaire du 11 mars 1986 relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre", qui n'est jamais appliquée en raison du changement de gouvernement;


- en 1990 le Conseil de l'Europe publie la "Recommandation n°R(90)4 du Comité des ministres aux Etats membres sur l'élimination du sexisme dans le langage", demandant en français l'introduction du dédoublement masculin/féminin ;  


- en 1997 quatre ministres féminines dont la Garde des Sceaux introduisent la dénomination féminine dans les textes officiels. Le Premier Ministre Lionel Jospin adopte la mesure et demande à la "Commission Générale de Terminologie" d'étudier la question ;


- en octobre 1998 celle-ci rend son "Rapport", qui exclut le féminin des textes officiels ;


- en 1999 l'INaLF-CNRS publie "Femme j'écris ton nom - Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions" avec une préface de Lionel Jospin qui accepte  les conclusions de la Commission en écrivant : "Lorsque les textes visent une fonction et non la personne qui remplit cette fonction, l'emploi du masculin est conforme à la règle".


 


Le débat n'est évidemment pas clos mais nous arrêterons ici l'historique, sans oublier que le masculin dit "générique" est toujours en France, en 2007, d'usage massivement courant. L'objet ici est de prendre en considération les démarches officielles cherchant à le justifier.


 


1.2 - La "Commission Générale de Terminologie et de Néologie" et le "Rapport".


 


Elle a été créée sous le gouvernement Juppé par le "Décret du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française" faisant suite à la "Loi Toubon" de 1994 "relative à l'emploi de la langue française", dans le but de renforcer la veille contre l'invasion de termes étrangers par la création, entre autres moyens, de néologismes (ainsi "software" àlogiciel). L'Académie française disposait jusque là d'une haute autorité sur l'usage, mais elle n'était que morale. Le décret de 1996 inscrit comme membre de droit de la Commission le Secrétaire perpétuel de l'Académie et déclare (art.13) : "Aucune révision ne peut être publiée sans l'accord de l'Académie française".


 


La Commission générale de 1998 se compose de 20 membres, dont, sauf erreur, 3 ou 4 personnes spécialistes de la langue française, linguistes ou terminologues. Le Secrétaire perpétuel de l'Académie française est Maurice Druon, dont les diatribes violentes contre l'usage du féminin se sont multipliées dans les médias[2].


 


Le premier soin de la Commission est d'établir sa compétence en la matière (pp.4-9), afin d'établir, en raison de sa création par décret, la supériorité juridique de ses avis par rapport aux recommandations du Premier ministre.


 


Du fait de l'insistance de la Commission sur sa compétence, il convient cependant de relever un hiatus juridique : selon ses propres déclarations,


 "le dispositif d’enrichissement de la langue française, remanié par le décret du 3 juillet 1996, demeure à ce jour le seul cadre juridique susceptible de conférer à des normes linguistiques une force obligatoire. La portée de cette obligation est restreinte car il s’agit d’instituer une préférence pour le terme français quand il a un équivalent étranger."(p.7)


On ne voit donc pas en quoi sa compétence, tournée vers "l'enrichissement de la langue française", s'étend jusqu'à l'exclusion dans les textes de termes bien français, les dénominations féminines, qui de plus constituent un système général spécifiquement français, articulé avec les dénominations masculines. Il faut se rappeler également que les observations de la Commission, certes formulées de manière très prescriptive, sont cependant des "recommandations".


 


Après les déclarations initiales sur sa compétence, la Commission étudie l'évolution sociale en rapport avec la "féminisation" du langage puis les "pratiques" d'autres pays francophones, elle compare ensuite plusieurs langues au français ainsi que la diversité des usages - on notera parmi les "impasses" de la féminisation le cas de "la conjugalité" p.24 - et en 6e partie elle développe "les conséquences juridiques et institutionnelles de la féminisation". On étudiera principalement les assertions classables comme grammaticales ou linguistiques rencontrées au fil du texte ou dans la partie intitulée "Le cas français : analyse linguistique" (pp.29-33).


 


Mais auparavant il est intéressant de déterminer exactement le domaine lexical concerné.


 


1.3 - Le domaine lexical concerné.


 


Il s'agit de la dénomination humaine en français. Nous verrons plus bas ce que l'on peut dire d'un nom de "métier", de "fonction", d'un "titre". L'étude exhaustive du lexique français  de la dénomination humaine[3], près de 5000 noms communs de personnes dans le Petit Robert, montre que ceux-ci alternent massivement en genre (pour une dizaine de noms d'animaux), le masculin désignant un homme, le féminin désignant une femme. Ils constituent des séries régulières que l'on peut classer ainsi :


- près d'un tiers alternant extérieurement par l'article (le/la collègue),


- près d'un tiers alternant phonétiquement par la finale (candidat/candidate),


- près d'un tiers alternant par le suffixe, les noms en -eur/-euse, -teur/-trice, -if/-ive,


- 6% seulement marquant le genre par absence/présence de -e final (invité/invitée).


Les grammaires françaises jusqu'à ces toutes dernières années n'ont jamais présenté la classe des substantifs de l'animé humain comme alternant massivement en genre, mais ont laborieusement travaillé à déterminer de quelle manière le féminin, posé de ce fait comme inexistant, devait être "formé" à partir du masculin. Méthodologie posant le masculin premier qui conduit à des énumérations pittoresques et variables montant en épingle les exceptions sans apercevoir le système général. Mais dès la première grammaire française de la Renaissance[4], cette méthodologie, conjuguée au classement social hommes/femmes, a conditionné les esprits à la subordination et au caractère capricieux du nom féminin : notre analyse du "Rapport" en montrera les manifestations. La vérité oblige à dire qu'actuellement, en dehors de la Commission, et y compris aux niveaux universitaires les plus élevés, nombre de personnes continuent à penser que, selon la formule consacrée, "on forme un féminin en ajoutant un -e".


 


2 - La justification de l'usage du masculin seul.


 


2.1 - Le flottement du concept de "féminisation".


L'aspect inchoatif du concept présuppose l'absence du féminin. Si l'on dit "féminisation de la haute fonction publique" on présuppose l'absence initiale de femmes et on parle de leur introduction. Les pays francophones adeptes de la "féminisation" l'appliquent par l'introduction de féminins dans des textes où ils étaient absents. Ici de quelle absence s'agit-il? Pour la dénomination humaine, le féminin est en français une donnée linguistique au même titre que le masculin, à l'intérieur de dédoublements morphologiques réguliers sauf pour quelques termes n'excédant guère la dizaine[5]. Il n'y a pas à procéder à des "féminisations" en langue.


 


Le titre du "Rapport", "La féminisation des noms de métier, professions, titres et grades" pose les noms en question au départ comme masculins par nature, suivant en cela la doctrine inaugurée au XIXe siècle par la "Grammaire Nationale"[6] et dont le dernier avatar, nous aurons à en reparler, est le masculin dit "non-marqué" de la "Grammaire structurale" du XXe. En cela la Commission obéit comme la quasi-totalité de la communauté linguistique française à la catégorisation mentale posant le masculin premier, induite par le conditionnement scolaire, ce que l'on peut comprendre.


 


Mais de ce fait le raisonnement est gauchi d'emblée, la réflexion est posée en dehors de l'idée d' "élimination du sexisme dans le langage" telle que formulée par les instances canadiennes ou européennes. En effet, tout au long des démonstrations de la neutralité du masculin qui sont développées, il n'est pas question, sauf dans un passage concernant le nom "homme", de la propriété du nom commun de personne masculin de désigner l'individu masculin.


 


2.2-Aspect morphologique : le flottement du féminin, ses absences, ses caprices.


Voici quelques extraits relevés au fil du texte :


- (p.3)"Le français ne dispose pas d'un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les substantifs." à Le passage illustre la vision empirique du fonctionnement du genre des "substantifs", masculins par nature puisque devant être "féminisés". Le regret de ce que le féminin ne soit pas automatique, récurrent dans la suite du texte, montre le caractère subjectif du raisonnement.


- (p.13) "La position nouvelle des femmes dans la société civile n’a pas provoqué une évolution lexicale et grammaticale immédiate parce que la langue n’est pas la copie conforme des mutations qui affectent les relations sociales."àconséquence de ce qui précède : le raisonnement analyse l'absence de féminins dans l'usage comme des lacunes lexicales, par inaptitude à concevoir le système général d'alternance.


- (p.14 - note) "Dans son édition 1932-1935, le Dictionnaire de l’Académie française introduisait artisane, attachée, auditrice, aviatrice, avocate, bûcheronne, candidate, électrice, employée, factrice, pharmacienne et postière. Le terme de chauffeuse (conductrice d’automobile) n’ayant pas été admis par l’usage a été écarté lors de la révision de 1988."àl'attitude délibérément normative à l'égard du féminin se voit dans l'emploi de "introduisait" plutôt que "enregistrait". Elle pose le problème de l' "autorité" en matière de lexique, celle de l'Académie, celle des dictionnaires. On peut se rappeler la déclaration de Bouhours au XVIIe siècle, qui, à propos de "tentatrice", "dominatrice", "dispensatrice", écrivait : "On ne fait pas de ces féminins-là autant qu'on veut, et il n'est permis d'employer que ceux que l'usage a autorisés."(1674, p.112)


- (p.18) Dans le cas de "l'admission" possible d'un féminin, en réponse aux néologismes québécois du type "directeure", on lit : " La France préconise d’utiliser les modes de formation traditionnels du féminin (banquier faisant banquière sur le modèle d’ouvrier qui fait régulièrement ouvrière)" à soit la formule adamique selon le schéma primitif du masculin "faisant" "son" féminin.


- (p.24) " Féminiser le titre président peut, par souci d’univocité, mener à éviter Madame la présidente qui désigne ordinairement la femme du président" (souligné par moi) àla déclaration porte à s'interroger sur les connaissances véritables de la Commission quant à l'actualité de l'usage en 1998. Peut-être entendait-on encore parfois "Madame la Préfète" comme un titre d'épouse, mais les Présidentes acquérant leur titre par mariage remontent au XIXe siècle.


 


Les passages suivants méritent une lecture attentive :


- (p.27) " Cependant, il existe en allemand un suffixe féminisant unique. Ce suffixe -in n’a pas d’autre usage et il est toujours disponible. C’est donc un outil mécanique et quasi-universel qui manque bien en français où la présence de plusieurs marques possibles distinctives du féminin fait hésiter dès qu’il s’agit de féminiser (par exemple : la garde, gardesse des sceaux)." àon note au passage l'amabilité à l'égard de la Garde des Sceaux protagoniste de l'introduction des titres au féminin. Mais c'est la suite immédiate qui est particulièrement intéressante :


- (p.27) " De surcroît, l’allemand réserve ce signe de féminité au genre naturel, tandis que le français marque de la même manière le genre naturel (avocate et lauréate, fiancée et retraitée, baigneuse et skieuse, cavalière et romancière, nourrice et bienfaitrice, championne et patronne...) et le genre grammatical au sens strict (frégate et patate, denrée et renommée, étiqueteuse et mitrailleuse, police et cicatrice, colonne et consonne...)."


 


On observe dans le passage une conception originale de la classe des substantifs français. Nous ne parlerons pas des aristocrates, diplomates et autres acétates, pourtant bien masculins, nous ne nous interrogerons pas non plus sur le radical "frég-" de frégate ou "pat-" de patate, ni d'ailleurs sur les éventuels frégats, patats, polics ou cicatrics (ou cicateurs) . Si ce n'est pour remarquer que la confusion entre noms d'humains et noms d'inanimés paraît naturelle à la Commission, on le reverra plus bas.


 


Mais la morphologie n'est pas seule en cause. Voici quelques interférences avec la sémantique du genre en un rapport (très) complexe :


- (31) " Le genre suit généralement le sexe et deux noms différents sont disponibles (lion et lionne ; cheval et jument ; homme et femme ; fils et fille ; père et mère). Il existe certes des exceptions, pour le bonheur des grammairiens. Ainsi, bien des mots restent de genre contraire à celui de leur composante sémique sexuelle (le maternage et la paternité) et certaines fonctions sociales, bien que tenues par des hommes (vigie, estafette, recrue, ordonnance, sentinelle), relèvent du féminin."


Sans aller jusqu'à invoquer la maternité qui correspondrait mieux à la paternité, on constate que l'amalgame entre noms abstraits et noms de personnes se poursuit. Quant aux "fonctions sociales tenues par des hommes", dont la recrue et la sentinelle, toutes sont aujourd'hui tenues également par des femmes. Mais, si l'on revient à la terminologie proprement dite, ils appartiennent à une série lexicale limitée d'une centaine de noms comme "vedette", "personne", que j'appelle des bivalents sémantiques, que l'on appelle aussi épicènes. Ils sont de ce fait beaucoup plus "génériques" que ne peut l'être "le président", terme alternant en genre.


 


On observe donc une série de déclarations disparates et à l'occasion cocasses, et des exemples ad hoc énoncés selon les sentiments des participantes et des participants. On remarquera qu'aucune référence bibliographique ne vient les étayer, hors certains renvois concernant des points de détail. La non-dérivation automatique du féminin est constatée empiriquement : elle est posée comme un défaut. Le nom féminin français, si capricieux, ne peut être apte en conséquence à figurer dans des textes sérieux.


 


Pourquoi le masculin est-il seul apte ?


 


2.3 - Aspect sémantique : le désir de neutre.


 


La propriété du nom d'agent masculin de désigner un individu masculin n'étant pas explicitement posée, et malgré la constatation, répétée avec regret, selon laquelle le neutre n'existe pas en français, le désir de "neutre" pour les noms d'agents sous-tend tout le discours du Rapport. Ce désir est ressenti assez généralement tant par les locutrices que les locuteurs moyens pour justifier l'emploi du masculin seul dans les textes généralisants ainsi que son utilisation comme dénomination individuelle de la femme. La Commission s'emploie à théoriser cette tendance dominante.


 


Avant d'examiner les déclarations de la Commission, il est bon, y compris entre spécialistes, de faire au préalable un tour d'horizon rapide sur la question du "neutre" :


- les formes masculines de "ça m'intéresse" ou de "il pleut", ou l'accord au masculin avec les infinitifs substantivés, par exemple, ne sont pas en question ;


- le neutre latin ne concerne pas les noms d'humains : "templum" ;


- le neutre anglais non plus : "it" ne se réfère jamais à un nom de personne. Dans un texte généralisant "the president" anglais est "he or she" ;


 - On peut s'entendre sur le fait que dans le domaine de la dénomination humaine, chercher un "neutre", "ne-uter", ni homme ni femme, est littéralement un non-sens.


 


Que dit la Commission ? Il n'est pas possible de faire une synthèse, en raison des amalgames, approximations, redites et contradictions de l'essai de théorisation sémantico-conceptuelle : le raisonnement flotte entre "neutre" proprement dit, "neutralisation", "inclusion" (du féminin), ou "générique", avec des assertions catégoriques surprenantes. Ainsi voici la déclaration initiale sur la question :


 


- (p.1) "Héritier du neutre latin, le masculin se voit conférer une valeur générique."


 


Ne retenons pour l'instant que la notion d'héritage, récurrente dans le texte : il est exact que nombre de noms d'inanimés latins neutres sont devenus masculins en français. Nous y ajouterons aussi les neutres latins pluriels en -a devenus féminins. Inscrire dans le débat les origines latines du français impose le respect aux non-initiés, les impressionne peut-être. Mais continuer à confondre - de bonne foi bien probablement - les noms d'inanimés et les noms d'humains conduit le reste du raisonnement au risque de l'absurdité. Aucun nom commun de personne français n'est "héritier du neutre latin".


 


La confusion porte à s'interroger sur ce qu'est le "générique" :


- (p.31) "L'usage générique du masculin[7] - Pour désigner un ensemble d’individus, sans distinction de sexe, et ne disposant pas du neutre latin, la langue française a dû choisir un genre. C’est le genre dit masculin, que l’on peut appeler genre non marqué, qui a été retenu pour représenter les éléments relevant de l’un et de l’autre genre. Ainsi, le masculin pluriel fait référence, en tant que neutre, aux hommes et aux femmes. Dans la phrase : “ tous les candidats ont été reçus à l’examen ”, le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes, c’est-à-dire tous les individus ayant participé à l’examen. Cette valeur générique du masculin est absolue au pluriel et les règles de l’accord se conforment à ce principe sans exception.


- (p.31 en note) "Cette valeur générique du masculin vient de ce qu’il a hérité morphologiquement du neutre latin."


 


Il est difficile de commenter le passage où se mêlent des formules grammaticales diverses et une sémantique variable du mot "genre" qui, lorsqu'il est masculin ("en tant que neutre"), est délibérément le "genre générique" : on reconnaît l'apport opportun sur ce point de la grammaire structurale - ce qui jette au passage une ombre sur le masculin dit "générique" de cette grammaire[8].


 


On peut aussi relever la transposition hardie de l'accord en genre au pluriel, phénomène syntaxique, sur le plan sémantique : la signification du masculin en général. Un exemple illustratif donné précédemment est particulièrement pittoresque :


- (10) " 'Mon mari et moi sommes assis sur un banc' nous désigne assurément tous les deux bien que l’attribut ne s’accorde qu’avec le masculin."


 


Nous retiendrons encore l'expression "Pour désigner un ensemble d’individus, sans distinction de sexe" afin de signaler les flottements de la Commission quant au "neutre" avancé : il s'agit clairement de "neutralisation" par combinaison ou addition du masculin et du féminin dans certains cas, au pluriel, neutralisation gagnant selon la commission le masculin singulier isolé. Mais on relève ailleurs l'idée de négation du sexe, plus particulièrement lorsque l'on parvient au traitement des "noms de fonction", ce que nous verrons plus loin. L'inclusion est explicitée plusieurs fois, parfois de manière sibylline :


- (10) " 'Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits' n’exclut pas les femmes mais les englobe dans le genre" à dans le genre masculin sans doute.


- (10) "Désigner les hommes par un terme générique, c’est nécessairement inclure les femmes", passage que l'on comprendra peut-être mieux en lisant ce qui suit :


- (31) "Au singulier toutefois, le féminin comme le masculin peuvent avoir une valeur générique. La personne ou l’humanité comme l’être humain désignent des catégories qui n’ont rien de spécifiquement féminin ou masculin La personne ne désigne pas uniquement les femmes, pas davantage qu’on n’entend par l’être humain exclusivement un homme. Le genre masculin n’est pas la propriété des hommes de sexe masculin" à(mais donc aussi la propriété des hommes de sexe féminin…)


 


Peut-être en resterons-nous là quant au "terme générique" pour désigner "les hommes", l'élucidation de ce qui précède demandant un certain temps. Principalement en raison d'un nouvel amalgame : entre un vrai terme générique ou collectif, comme "la personne" ou "l'humanité", termes sans alternance, et ce masculin que l'on dit générique et qui est en fait alternant en genre.


 


Nous relèverons ici pour terminer sur ce point deux passages où émerge l'invariant sémantique du nom commun de personne masculin alternant :


- (3) La commission considère également que, s’agissant des appellations utilisées dans la vie courante (entretiens, correspondances, relations personnelles) concernant les fonctions et les grades, rien ne s’oppose, à la demande expresse des individus, à ce qu’elles soient mises en accord avec le sexe de ceux qui les portent et soient féminisées ou maintenues au masculin générique selon les cas."


Le genre employé étant le masculin, quels sont les "individus" qui demanderont que ces appellations "soient mises en accord avec le sexe de ceux (!) qui les portent" ? La remarque - bienveillante -  de la Commission est intéressante en ce qu'elle révèle l'invariant sémantique de la forme masculine : aucun homme ne demandera "que ces appellations soient mises en accord avec son sexe". Quel que soit le discours généralisant, lexicographique, historique, scientifique, le nom d'humain au masculin sous la forme d'un terme alternant comportera toujours le sème "de sexe masculin". De même :


- (44)"La féminisation n’est donc pas un problème linguistique mais juridique qui exige que l’on distingue nettement l’individu qui est sexué (et peut souhaiter que le genre grammatical de son appellation suive son genre naturel) de sa fonction (qui doit rester marquée par la neutralité), et enfin de l’exercice de cette fonction.


Seul "individu" "pouvant souhaiter que le genre grammatical de son appellation suive son genre naturel", c'est la femme. Non pas parce que le masculin est "le genre grammatical" "marqué par la neutralité", nouvel avatar du "générique", mais parce qu'il est la dénomination de l'homme.


 


Nous arrivons au problème de la "fonction".


 


3 - Le domaine juridico-linguistique.


 


Etant acquis que le nom commun de personne masculin est un neutre, on lit :


- (40) " L’impersonnalité de la fonction, du grade et du titre.


La réalité est très différente en ce qui concerne les titres, grades et fonctions. Il s’interpose entre la fonction et l’individu qui l’exerce une distance induite par le caractère abstrait, général, permanent et impersonnel de la fonction. La dénomination de la fonction s’entend donc comme un neutre et, logiquement, ne se conforme pas au sexe de l’individu qui l’incarne à un moment donné."


Il n'y a plus de questionnement sur quelque inclusion que ce soit, nous sommes catégoriquement dans l'abstrait, l'impersonnel. De plus :


- (41)"Il faudrait aussi que l’être juridique ainsi désigné ne soit pas modifié ou altéré par la différenciation sexuelle", l' "altération" éventuelle étant le fait du féminin.


 


La déclaration selon laquelle "l'être juridique" d'un texte institutionnel serait "altéré" par la présence de la dénomination de la femme peut être jugée comme offensante. Puisque nous sommes dans le domaine juridique, nous pouvons formuler la qualification de cette déclaration : nous pouvons dire qu'elle relève de la discrimination - action de séparer un groupe social d'un autre, ségrégation du groupe social représenté par la dénomination féminine - et qu'elle est répréhensible.


 


Nous pouvons aussi, passant à la polémique, qui de toute façon marque largement le Rapport, considérer cette déclaration comme de la suffisance. Nous pouvons encore interpréter l' "altération" du "sujet de droit" par le féminin comme une atteinte à un tabou, le tabou du caractère incomplet parce que sexué du masculin, l'homme représenté par le masculin n'étant pas de ce fait le prototype de l'humanité. Mais revenons à la linguistique.


 


Le "nom de fonction" tel que conçu par la Commission est le nom commun de personne masculin : "président", terme alternant par ailleurs avec "présidente", est pour elle un "nom de fonction", du "genre générique", pardon, au "masculin générique", non, au "genre non-marqué".


 


Prenons "président" en catégorisant le lexème comme "fonction" pour donner sa définition lexicographique : "Président = fonction de …", fonction de quoi ? Président = fonction de président ? Président = fonction de présidence ? L'essai de définition se heurte au barrage de la langue : en langue "président" n'est pas un "nom de fonction". La fonction est une catégorisation de l'inanimé abstrait. Essayons maintenant :


- Président = personne exerçant la fonction de présidence. Ou : homme exerçant …


L'équation devient acceptable. De même que :


- Présidente = personne exerçant la fonction de présidence. Ou : femme exerçant…


et :


- Présidence = fonction de celui ou celle qui préside.


 


Toujours à propos de "l'être juridique" ou du "sujet de droit", nous ne prendrons pas le temps ici d'observer les fluctuations sémantiques dans les empois spontanés de "personne" et "individu" au fil du texte. Mais, arrivant vers la fin de son raisonnement, la Commission entend faire une distinction radicale entre les deux termes :


- (43) " Conformément à l’idéal républicain qui anime nos institutions, le sujet de droit est une personne, non un individu. Le terme de personne (du latin persona, personnage) désigne étymologiquement un masque de théâtre qui permettait au spectateur de reconnaître à l’avance le rôle qui allait être joué par le comédien, ce dernier pouvant incarner indifféremment des hommes et des femmes quel que soit son sexe grâce à ce masque. La personne n’est donc pas l’individu (il y a des personnes morales) mais le rôle social qu’il endosse."


 


"L'idéal républicain" est donc le fondement de l'obligation de la femme - d'elle seule - de porter un masque. Inutile de rappeler qu'en dehors de l'origine étymologique, aucun dictionnaire actuel ne donne une telle définition de "personne", terme catégorisé comme "individu de l'espèce humaine", c'est-à-dire comme dénomination de l'animé humain, et jamais comme "rôle". "L'héritage latin" plombe la réflexion de la Commission.


 


Cependant, très largement, la communauté linguistique française partage le sentiment - sentiment - de la Commission quant au masculin "générique", nous en verrons plus bas les implications sociologiques. Dès 1984 la notion de "masculin non-marqué" est invoquée par l'Académie française pour rejeter le féminin, qui est "marqué". Elle est employée ici plusieurs fois sans définition et sans référence, comme un fait acquis, ce qui est le cas aussi de la Grammaire structurale de Jean Dubois , qui la pose en postulat comme base de son chapitre sur le genre (1969 pp. 52-90). S'il est facile de démontrer que morphologiquement le masculin est marqué au même titre que le féminin  (dans-eur/dans-euse), il est plus ardu de faire prendre conscience sur le plan sémantique du conditionnement au masculin vu comme générique et de toute façon employé comme tel dans l'usage : il s'agit d'une question de consensus inconscient, d'acceptation du masculin comme prototype alors qu'il ne l'est pas forcément.   


 


Ce que l'on voit ici, c'est l'impuissance d'un groupe de sages à démontrer logiquement le caractère non sexué du nom commun masculin de personne, et l'amphigourisme des applications en discours qui sont proposées pour obéir au principe en fait non démontré :


- (47-48) "En revanche, dès lors que l’on désigne non pas le statut mais l’activité et le métier de la personne concernée, il est possible et même normal de féminiser. On dira ainsi : “ Le médecin des hôpitaux, Mme Isabelle Martin, est nommée directeur de l’hôpital d’Alençon. Dans sa nouvelle activité de directrice, Mme Martin n’exercera plus son métier de chirurgienne ”. Ou encore : “ Mme Martin, Préfet de région, est la coordinatrice des programmes départementaux d’investissement ”. Il semble difficile d’aller plus loin."


- (48) " On devrait dire : “ Mme Martin est nommée conseiller de tribunal administratif de 1ère classe ; Mme Dupont est nommée inspecteur d’académie ”, mais on pourrait écrire : “ Mme Martin, Inspecteur général de l’éducation nationale, est nommée directrice des écoles au ministère de l’éducation nationale",


autrement dit, il faut apprendre à naviguer entre les récifs du métier, de la profession, de la fonction, du titre, du grade, dès lors que la "personne" est non un homme mais une femme.


 


Il reste à ajouter qu'un usage que l'on peut dater de la 2e moitié du XXe siècle, début de la période de l'expansion féminine dans des activités précédemment réservées aux hommes, permet aux femmes de se nommer au masculin. Cependant l'évolution rapide de la dénomination féminine au moins sur le plan individuel, dans les cercles non conservateurs, montre l'adéquation de ce mouvement avec le système général du genre dans la langue française.[9]


 


3 - Les implications sociologiques.


 


- (40-41) "La fonction trace la frontière entre vie privée et vie publique."


 


Le vacillement des concepts disparaît dans la partie finale, qui établit une partition rigoureuse entre domaine public, celui du masculin, et domaine privé, où est admis, autorisé, le féminin. Ainsi, dans le cadre législatif français, une argumentation sans base scientifique objective, en un discours paragrammatical où les concepts fluctuent, prescrit en forme de commandement la ségrégation de la dénomination de la femme hors du domaine public. Les psychanalystes pourront apprécier le terme de "frontière". C'est le schéma sociologique classique de la répartition des domaines entre les hommes et les femmes.


 


Le texte intégral du Rapport, quant à la pertinence de l'argumentation linguistique qu'il avance, se révèle comme un tissu d'approximations, d'inexactitudes et de sophismes, dont nous n'avons examiné que des échantillons, et assortis à l'occasion de sarcasmes à l'encontre de quiconque préconise le féminin. Comment expliquer qu'un corps composé de membres de l'élite de la société française, comme on le voit aux pages 53 et 54, puisse raisonner ainsi ? Il faut se tourner vers d'autres sciences humaines.


 


L'insistance sur le caractère "neutre" du masculin et la maladresse des argumentations élaborées à tout prix pour le prouver montre l'importance attachée par la Commission à cette neutralité. Il est possible d'inscrire cette démarche dans le cadre des études actuelles sur les catégorisations binaires primitives, instaurées par l'ethnologue Claude Lévi-Strauss dans l'étude de la mentalité des peuples premiers. La méthode structuraliste qu'il a inaugurée a permis de nombreuses avancées scientifiques, mais a montré aussi ses limites. Lorsqu'on se penche sur le classement des substantifs de la grammaire structurale, on est surpris d'apprendre que le classement par opposition binaire des substantifs :


- animés versus inanimés


- humains versus non-humains


s'achève sur :


- mâle versus non-mâle


classant les dénominations de la femme dans la négativité.


 


Le classement binaire par opposition caractérisant les mentalités primitives est observable tant dans le système oriental du Yin et du Yang que dans les classements cosmologiques de la société kabyle relevés par Pierre Bourdieu, ainsi que dans les observations de l'anthropologue Françoise Héritier, qui en voit les manifestations jusqu'à aujourd'hui. Il peut être, on le sait, schématisé ainsi :


- Ciel/terre


- Haut/bas


- Jour/nuit


- Blanc/noir, etc.


pour s'achever sur :


- Homme/femme,


le premier élément étant toujours ou supérieur ou positif, le second, qui lui est "opposé", étant contraire ou négatif, au mieux seulement complémentaire, le plus souvent inférieur.


 


Selon Pierre Bourdieu parlant de cette catégorisation binaire par opposition "[…]la cosmologie androcentrique [survit] encore aujourd'hui dans nos structures cognitives et nos structures sociales"(1998, p.12), "[…]toute l'aire culturelle européenne participe indiscutablement de cette tradition"(ibidem) et  "[…]la vision androcentrique s'impose comme neutre et n'a pas besoin de s'énoncer dans des discours visant à la légitimer" (p.15), ce en quoi le Rapport le contredit partiellement : il cherche au contraire à légitimer ce "neutre", sans y parvenir linguistiquement.


 


Il semble bien que la démarche s'efforçant de contenir le féminin en une sphère restreinte puisse être inscrite à l'intérieur de ce système de catégorisation binaire primitive de l'humanité, androcentré. Il faut poser la réflexion à partir de l'hypothèse suivante : que les structures cognitives de la communauté linguistique française actuelle, dont les membres de la Commission sont une émanation, sont toujours façonnées par le conditionnement social et scolaire à positionner la femme, et donc le féminin, sa représentation linguistique, comme subordonnés au masculin.


 


 


 


Conclusion.


 


Cet acquiescement probable sur le principe du masculin "neutre" de la communauté linguistique française fait de notre texte un document non pas linguistique mais historique et sociologique sur les mentalités françaises du XXe siècle finissant. Après un certain nombre de pointes et de sarcasmes à l'encontre de la "féminisation" au fil du texte, le Rapport s'achève sur une maladresse finale :  


- (50) " La valeur générique du masculin a ses raisons linguistiques. Le principe de neutralité des fonctions, titres et grades a ses raisons juridiques et politiques. Contester la première, c’est irrémédiablement faire vaciller le second. Il est probable qu’à trop vouloir marquer la différence des sexes par la féminisation, on risque d’être infidèle au principe républicain de l’indifférence des sexes dans l’exercice des fonctions. Il ne faudrait pas que, de cette infidélité, les femmes payent le plus lourd tribut."


 


Il faut prendre le temps de s'interroger sur les antécédents de "première" et "second" : la "première", la neutralité ? alors il n'y a pas de "second". Il reste donc comme "première" : "la valeur générique" de la phrase précédente. Et "le second", c'est alors "le masculin". Ce qui donne :


- "Contester la valeur générique (du masculin), c'est faire vaciller le masculin."[10]


 


 Notre hypothèse précédente se vérifie ici : le masculin risque de perdre sa vertu prototypique. Ce n'est qu'un vacillement, mais il faut l'éviter à tout prix : après le raisonnement, la menace du bâton : "le lourd tribut" à payer. Par qui ? Par les femmes. Pourquoi ? Pour "infidélité". Nous sommes évidemment loin maintenant de la linguistique.


 


On peut interpréter l'argumentation du Rapport de deux manières différentes. Comme ressortissant au domaine du sophisme, ou plutôt du paralogisme, car, enfermée dans son conditionnement psychosocial, la Commission est certainement de bonne foi. Ou bien comme une proclamation indécente de ce que l'espace public est le domaine du masculin et de lui seul. La France vit dans le régime politicolinguistique ainsi défini.


Il faut pour terminer dire que, compte tenu de telles démonstrations, les études proprement linguistiques sur le masculin dit générique ne peuvent pas faire l'économie de la dimension sociologique de la question.


 


 


 


Bibliographie.


 


– Becquer, Annie, Bernard Cerquiligni, Nicole Cholewka, Martine Coutier, Josette Frécher, Marie-Josèphe Mathieu (1999), Femme, j'écris ton nom…  Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. Paris : Documentation Française.


– Bouhours, Dominique (1674), Doutes sur la langue Françoise, Slatkine Reprints 1972, Genève.


– Bourdieu, Pierre (1998), La domination masculine. Paris : Seuil.


– Commission Générale de Terminologie et de Néologie (1998), Rapport sur la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. <www.culture.gouv.fr/culture/ dglf/cogeter/feminisation>


– Dister, Anne et Moreau, Marie-Louise (2006), "Dis-moi comment tu féminises, je te dirai pour qui tu votes", Langage et Société n°115 : 5- 45, Paris, MSH.


 – Dubois, Jean (1969) Grammaire structurale du français. Paris : Larousse.


– Héritier, Françoise (2004) Masculin/Féminin II. Dissoudre la hiérarchie. Paris : Odile Jacob.


– Khaznadar, Edwige (1990) Le nom de la femme. Virtualisation idéologique et réalité linguistique. Thèse nouveau régime, Université de Toulouse-Le Mirail.


         Sexisme et grammaires (2000) sur www.langue-fr.net/d/feminisation,


         – (2002a) Le féminin à la française. Paris : L'Harmattan.


         – (2002b) "Métalangage du genre : un flou artistique" dans Extension du féminin - Les incertitudes de la langue", sous la direction de Marie-Jo Mathieu (pp.25-41). Honoré Champion, Paris.


         – (automne 2007) "L'homme générique…dans les savanes de la préhistoire" dans Langage et Société, MSH, Paris, à paraître.


– Lévi-Strauss, Claude (1958) Anthropologie structurale. Paris : Plon.


 


 


 


 


 







[1] Concrètement, il s'agit de savoir si, dans un texte institutionnel, il est admissible d'écrire par exemple : "Le Président ou la Présidente de la République veille au respect de la Constitution." La solution du dédoublement a été adoptée en Suisse romande. Elle est partiellement appliquée au Québec et en Belgique.




[2] Voir entre autres "Bon français et féminisation" publié dans "Le Figaro" et relevé dans "La Presse" du 26.7.97, "Le bon français… du gouvernement" dans "Le Figaro" du 7-8 août 1999 p.15, "Non à une langue défigurée", "Le Figaro" du 29.12.2005 p.26.




[3] Voir Edwige Khaznadar 1990, 2000, 2002a.




[4] Jehan Palsgrave (1531), "l'Esclarcissement de la Langue Françoyse".




[5] Comme successeur, défenseur, parce qu'ils n'ont pas de verbe-base exactement correspondant.




[6] Bescherelle Aîné, bescherelle Jeune et Litais de Gaux, (1836), "Grammaire Nationale".




[7] Lorsqu'en 1984 l'Académie française, qui ne comportait aucun linguiste parmi ses membres, s'est opposée à la Commission de Terminologie Roudy, elle a utilisé sur les conseils de l'ethnologue Claude Lévi-Strauss père du structuralisme la notion de "masculin non-marqué" diffusée par la "Grammaire structurale" de Jean Dubois.




[8] Voir E.K. 2002b et 2007.


 




[9] Voir Anne Dister et Marie-Louise Moreau 2006




[10] Dès 1984, s'appuyant la théorie du "genre non-marqué" pour parler de la "féminisation", Alain Peyrefitte, de l'Académie française, citait le passage suivant, de Blaise Pascal, en dramatisant lui aussi la question : " […]il n'y aurait véritablement pas d'apparence qu'un particulier fît dessein de réformer un Etat en y changeant tout dès les fondements et en le renversant pour le redresser." ("Gouvernement, Académie et féminisme" dans "Le Figaro" du 23 juin 1984). L'introduction de la dénomination de la femme est sentie comme un intense danger ici pour l'Etat, là pour la République.